Calais : l'exécutif croit tenir enfin son "complot de droite"

...moulin à vent qu'il tentait d'ériger depuis 2012 :

 

 

La droite-de-droite tombe dans les panneaux de la gauche. En 2013, une répression policière démesurée avait voulu pousser la Manif pour tous à des ripostes violentes qui auraient permis à M. Valls de crier au « complot contre la République ». La chose n'avait pas réussi, parce que les organisateurs de la MPT s'étaient débarrassés de la droite-de-droite. Trois ans après, cette dernière (inconsolable de n'avoir pas « marché sur l'Elysée » le jour de la grande manif Maillot-Etoile) n'a toujours pas compris que : 1. M. Valls n'attendait que ça ; 2. déjà en 1899, Paul Déroulède se ridiculisait en tentant de faire marcher un général sur l'Elysée : rééditer ça de nos jours* relèverait de l'aberration.

Mais curieusement voilà un général en février 2016 : il se nomme Piquemal, et il s'est fait arrêter à Calais pour sa présence dans une manifestation interdite. « Graine de putschiste !», s'empresse de titrer Libé (bien en phase avec l'Elysée-Matignon).

Vious avez dit « putschiste » ? Ce général quatre étoiles en retraite a 75 ans : âge tardif pour menacer la forme républicaine des institutions**...

Il est néanmoins déféré en comparution immédiate au tribunal de Boulogne-sur-Mer ! Le parquet l'accuse d'avoir eu « le rôle principal » dans une manifestation interdite, et d'avoir ainsi « défié l'autorité de l'Etat » – même si cette autorité est devenue un phare à éclipses. Le gouvernement tient à sa théorie du complot.

 

Reste une question que les juges ne posent pas : à quoi rimait la manifestation de Calais ? A rien, sinon à satisfaire la place Beauvau et la place Vendôme.

On connaît la logique des activistes*, enfermés dans la surenchère et la testostérone : « l'homme de droite aime le brouillard s'il y entend battre un tambour », disait la gauche à l'époque de Déroulède.

Cette logique ne mène nulle part. En quoi un défilé d'ultras dans Calais pourrait-il aider à résoudre le problème des migrants ? Ce problème vient de causes multiples, notamment celles-ci : 1. l'aveuglement des politiques, démissionnaires depuis plusieurs dizaines d'années au nom du « tout-économie » et du « tout-UE » ; 2. le phénomène international des migrations, dû lui-même à des causes multiples et de profondeur trop diverse pour que l'on puisse agir sur toutes... (En fait on n'agit sur aucune).

Par rapport à l'effrayante complexité de la situation, une agitation de groupuscules activistes serait dérisoire et dangereuse.

Mme Marine Le Pen elle-même en paraît consciente : le soin qu'elle met aujourd'hui à présenter son parti comme « apaisant » vise à bien séparer, dans l'esprit du public, l'image de ce parti de celle des groupuscules.

Ces derniers se multiplient néanmoins pour le plus grand plaisir de MM. Valls et Cazeneuve. Technique permanente du système Hollande, l'enfumage a de beaux jours devant lui : en brandissant le spectre d'un complot de droite (même si les indices sont dérisoires), M. Valls veut ressouder en vue de 2017 une gauche que sa politique libérale avait disloquée. Les gesticulations de l'ultra-droite n'ont jamais servi qu'à ça. Regardez l'histoire : en 1899 la « marche sur l'Elysée » de Déroulède soulève les clameurs de la presse de gauche et la mobilisation indignée de l'opinion républicaine ; en 1902 ce sera Emile Combes et son ministère du Bloc. Et ce n'est qu'un exemple.

 

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* Un militant de la droite-de-droite affirme : « Si la Manif pour tous avait employé des méthodes de casseurs elle aurait eu gain de cause ». Où voit-il que les zadistes de NDDL aient « gain de cause » face à MM. Valls, Retailleau et Huillard ? Comment ne voit-il pas que la mansuétude de la police envers les BlackBlocs (Nantes, Rennes) a pour but de déconsidérer les manifestations de défense de l'environnement ? Il y a plus : dans le genre « droite énervée », le record est battu par M. Tournier (IEP Grenoble) déclarant à Atlantico que l'arrestation du général Piquemal est d'une sévérité excessive par comparaison avec... Sivens, « où les forces de l'ordre ont plutôt cherché à temporiser ». M. Tournier oublie qu'à Sivens les heurts ont été fomentés par l'envoi inutile de « forces de l'ordre » qui ont tué un garçon de 21 ans.

** De Gaulle en mai 1958 : « Ce n'est pas à mon âge qu'on commence une carrière de dictateur ! » M. Valls nous répondrait sans doute que Philippe Pétain avait 84 ans en 1940, etc.